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nue la tradition économique du droit divin : prestation en nature, tribut en argent, denrées, banalités, dîmes, gabelles, expropriations, confiscations, pressurent le petit peuple, taillable à la volonté des princes, seigneurs et prélats. Ces mœurs sont d’hier : il est utile de le rappeler à la démocratie, afin qu’en mesurant de l’œil le chemin qu’elle a parcouru elle apprenne à mieux connaître sa tâche, à la poursuivre avec intelligence, et surtout avec patience.

Le terrier de Magny-sur-Tille, dit Courte-Épée, porte qu’à la première couche de la dame les villageois sont tenus de battre les fossés pendant quinze jours pour empêcher le cri des grenouilles. Le château de Windsor, à Londres, fut construit en partie, sous Edouard III, par des ouvriers que les estafiers du roi enlevaient sur les grandes routes. Ils n’avaient d’autre payement que leur nourriture ; ceux qui tentaient de s’échapper pour retourner dans leurs familles étaient emprisonnés et jugés comme traîtres et félons. Le château de Thouars (Deux-Sèvres), commencé en 1635, coûta 1,200,000 livres de l’époque, non compris les remblais, transports et une partie de la main-d’œuvre, exécutés au moyen de corvées gratuites : de pareils travaux coûteraient aujourd’hui une douzaine de millions. Dans la construction de Versailles, afin d’avancer de quelques années les plaisirs du roi, on employa les troupes ; nul, quel que fût son grade, n’avait le droit de s’absenter seulement pendant un quart d’heure.

« Le roi veut aller à Versailles, écrit Mme de Sévigné ;