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pulation de ses intérêts, de l’impôt dû à l’État, et ce sera l’emprunteur, forcé de subir les conditions du capitaliste, qui supportera la charge : sa connivence ne fera même pas défaut pour éluder la loi. Établirez-vous de nouvelles peines contre la fraude ? Poursuivrez-vous les capitalistes récalcitrants ? Ils émigreront avec leurs capitaux. Alors pour être conséquent avec vous-même, vous ferez comme Law, vous contraindrez les capitalistes, vous condamnerez aux galères les émigrants : autant vaut déclarer tout de suite la communauté universelle.

Pareillement imposez à 1 p. 100 les effets publics ; et tout aussitôt, dans les transactions boursières comme dans les mutations d’immeubles, les échangistes déduiront du prix des titres la part du Trésor. L’impôt sur le capital aboutit à une diminution du capital.

Enfin, et c’est ici le comble, les propriétaires, cultivateurs, manufacturiers, fabricants, négociants, tous ceux qui exploitent le capital et le font produire, ne manqueront pas de faire entrer l’impôt dans leur prix de revient ; en sorte que le capitaliste, après avoir été vexé de toutes les manières par l’État, se vengera en faisant retomber sur la masse l’impôt qui l’afflige. Tandis qu’aujourd’hui l’impôt foncier se défalque purement et simplement de la rente, selon la judicieuse remarque de M. Passy, conséquemment n’affecte pas directement le prix des denrées, la terre une fois capitalisée, l’agriculture industrialisée, le montant de l’impôt devra être compté dans le prix des grains,