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la Liberté, apparaît sans cesse comme l’homme de la contrainte, de l’absolutisme. Il veut l’assurance forcée, le travail forcé, la haute main de l’État dans toutes les choses du travail, de l’échange, de l’économie ; il veut, enfin, rétablir la subordination de la Liberté à l’État, subordination qui est le caractère fondamental du droit divin, et contre laquelle a été faite la révolution de 89. M. de Girardin est avant tout un homme de gouvernement. « Je ferai plus, disait-il à un philosophe de ma connaissance, avec une heure de gouvernement, que vous en dix ans avec vos idées. » Il n’est pas seul de son opinion, hélas ! Ce n’est pas d’hier que la France, hostile aux idéologues, s’est livrée corps et âme au gouvernementalisme.

D’un mot, je renverse tout cet échafaudage. La vraie propriété est celle du sol ; c’est par elle que l’homme est véritablement libre, assuré et souverain. Et cette sécurité du propriétaire ne vient pas, comme on le suppose, de la garantie du gouvernement, elle est d’un autre ordre : c’est la sécurité économique que donne un capital assis sur les fondements de l’univers, consolidé dans le globe que nous habitons, et aussi imperdable que lui. Voilà ce qui fait que la propriété foncière, ou sa rente, coûte plus cher que toute autre rente ou propriété ; ce qui fait que la rente sur l’État, qui en est une imitation, puisqu’elle repose sur la garantie nationale, vient immédiatement après, pourvu toutefois que l’État soit tranquille, à l’abri des révolutions et des guerres, surtout pas trop chargé de dettes.