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Girardin qui avait offert, avec assez d’à-propos, son impôt sur le capital à la République de février, ait eu le courage de le porter, en 1860, à la République vaudoise.

L’erreur de M. de Girardin est de croire que l’inégalité de revenu des capitaux est un fait de pur arbitraire, un fait irrégulier, qu’il dépend de l’intelligence et de la volonté du capitaliste de rectifier. — Pourquoi, se disait-il, les capitaux fonciers ne produiraient-ils pas autant que les capitaux industriels ? — Ils ont pour eux la sécurité, répondiez-vous. — Mais, répliquait M. de Girardin, l’impôt sur le capital est en même temps une assurance ; et quand le gouvernement, qui lève cet impôt forcé, garantit la vie, la liberté, la propriété du contribuable, il garantit également la rente sur l’État, sauf remboursement ; il garantit les actions et obligations de chemins de fer, sauf son droit de rachat, avec juste et préalable indemnité. Donc, puisque tous les capitaux sont garantis, que la terre n’offre pas plus de sécurité que le commerce et l’industrie, que d’ailleurs il est notoire que d’immenses progrès restent à opérer en agriculture, pourquoi, encore une fois, le capital terre ne produirait-il pas autant que les autres, ou, ce qui revient au même, pourquoi la rente foncière se vendrait-elle plus cher ? Établissez la concurrence, établissez l’impôt sur le capital, et vous verrez !

Ainsi, l’uniformité de taxe sur les capitaux, quelle que soit leur productivité, est présentée par M. de Girardin comme le châtiment de ce qu’il nomme le capital passif. M. de Girardin, qui a pris pour devise