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il s’en fait un nouveau moyen d’action, dans ce système à toutes fins, à tous crins, qu’il lui a plu de baptiser du nom d’impôt sur le capital.

« Pour base de l’impôt, » s’écrie-t-il, « prenez le capital, c’est-à-dire la richesse accumulée, agrégée et agglomérée : aussitôt le capital qui ne circulait pas circule ; le capital qui dormait se réveille ; le capital qui travaillait redouble d’efforts et stimule le crédit. Le capital ne peut plus rester un seul instant oisif et improductif, sous peine d’être entamé, il est condamné à l’activité forcée. Le capital qui est timide s’enhardit, car l’impôt sur le capital étant le même, soit qu’il produise 3 pour 100, soit qu’il produise 6 pour 100 d’intérêt, le capital, par la première de toutes les lois naturelles, la loi de conservation, s’applique aussitôt à rechercher sans relâche l’intérêt le plus élevé que lui permettra de trouver la concurrence des capitaux aux prises avec l’émulation des efforts, se stimulant l’un l’autre. »

Voici donc l’impôt sur le capital d’abord fait assurance, puis devenu par une seconde incarnation impôt coercitif. Grâce à lui le capital ne se cachera plus ; il n’arguera plus du défaut de confiance ; bon gré, mal gré, il faudra bien qu’il s’engage, qu’il se démène, qu’il alimente les travailleurs et qu’il pousse de plus en plus à la production. Quelle machine révolutionnaire ! Je ne donnerais pas trois ans à la société la mieux assortie de capitaux, la plus fortement consolidée dans son économie, pour être sur les dents et à bout de ressources. Ce qui étonne, c’est que M. de