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ment la raison des choses, les capitaux, selon leur nature et leur emploi, sont d’un rendement tout différent. Leur productivité est fort inégale.

Ainsi les biens-fonds ne rapportent guère plus de 2 1/2 à 3 du cent ; les actions de chemins de fer produisent 5 environ ; le taux moyen des prêts commerciaux est de 6 ; l’intérêt légal de l’hypothèque est de 5 ; l’État est censé payer à ses créanciers 4 1/2 ; enfin, dans les entreprises aléatoires, le dividende peut varier à l’infini. Certaines compagnies d’assurances payent à leurs actionnaires jusqu’à 150 pour 100.

Nécessairement, dans un impôt sur le capital, il faudra tenir compte de ces inégalités, parce qu’autrement l’impôt serait injuste. Autre sera la proportion pour le capital terre, autre pour le capital maison, autre encore pour les actions des chemins de fer, les prêts sur hypothèque, les rentes sur l’État, les outils du travail, le cheptel du fermier, la clientèle de l’avocat et du médecin, le traitement du fonctionnaire. C’est-à-dire que, sous le nom d’impôt unique sur le capital, nous aurons la même variété d’impôts qu’auparavant : impôt foncier, impôt des patentes et des licences, contribution locative et mobilière, enfin impôt sur le revenu. Était-ce la peine, je le demande, de tant crier à la simplification pour aboutir à un pareil bouleversement ; d’annoncer à cor et à cri l’impôt unique, pour retomber immédiatement, niaisement, dans l’impôt multiple ?

M. de Girardin, il faut en convenir, paraît avoir aperçu la difficulté. Mais loin de chercher à la résoudre,