Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bande, voilà donc les citoyens devenus spoliateurs et dénonciateurs les uns des autres, voilà les agents du fisc transformés en corsaires du capital et de la propriété.

Rome aussi connut l’impôt sur le capital, d’après le même auteur.

« Nous rencontrons une institution analogue à l’eisphora dans les annales de la monarchie et de la république romaine. On avait exigé à Rome, sous les premiers rois, une contribution directe personnelle appelée tribut par tête. Cette imposition pesant d’une manière égale sur le riche et sur le pauvre était souvent écrasante pour ce dernier. Servius Tullius aperçut les inconvénients de ce système, en vigueur lors de son élévation, et il voulut y remédier. Pour arriver à cette fin, il créa l’institution du cens, en vertu de laquelle chaque citoyen fut assujéti à déclarer son nom, le nombre des individus composant sa famille, le nombre des esclaves et des animaux, la quantité d’or, d’argent et autres choses précieuses, ainsi que l’étendue du terrain qu’il possédait.

« Cette déclaration devait être accompagnée de l’évaluation des biens en argent. La bonne foi de la déclaration et de l’estimation était attestée par serment. Les renseignements recueillis étaient vérifiés à chaque lustre. Les citoyens qui ne se soumettaient pas au cens voyaient leurs biens confisqués ; ils étaient battus de verges et vendus à l’encan comme esclaves. Les fausses déclarations étaient punies de