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§ 2. — DE L’IMPÔT SUR LE CAPITAL.


Dégoûtés de la progression autant que de la multiplicité, quelques-uns ont proposé, par manière d’amendement, l’impôt unique, mais proportionnel, sur le capital. Première retraite devant l’utopie. Par la publicité que M. Émile de Girardin a donnée à ce système, par la notoriété et l’ardeur de sa polémique, on peut dire presque qu’il a fait l’idée sienne. De grands éloges lui ont été décernés : je l’ai loué moi-même, en autres lieux et dans d’autres temps. Aujourd’hui, je me prononce définitivement contre son idée : MM. les juges du concours apprécieront mes motifs.

« L’impôt sur le capital, dit M. de Girardin, c’est l’impôt sur le net, — (non pas sur le revenu net, entendons-nous, mais sur le capital net, c’est-à-dire réellement possédé par le titulaire, déduction faite du passif et de l’hypothèque) ; — c’est l’impôt sur l’excédant du salaire, après déduction du nécessaire ; c’est l’impôt sur la chose, à l’exclusion de tout impôt sur la personne ; c’est l’impôt proportionnel à la valeur, l’impôt ad valorem, à l’exclusion de tout impôt spécial et multiple ; c’est l’impôt indirect, non sur la consommation et le salaire, mais sur la rente et l’hypothèque ; c’est l’impôt unique au lieu de l’impôt inique ; c’est enfin l’impôt ayant acquis la précision et la justesse de la balance ! »

L’annonce est séduisante : les mots de salaire affran-