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étant par hypothèse 1,000 fr., dont 125 pour l’impôt, il s’ensuit :

Qu’il est dû à l’État 125 fr. d’impôt pour chaque 1,000 fr. de revenu ;

Que là où le revenu n’atteint pas 1,000 fr. l’impôt n’est dû qu’à la concurrence du revenu moyen défalqué de l’impôt, lequel revenu est par famille de 875 fr. ;

Qu’à 875 fr. de revenu et au-dessous il ne peut être rien réclamé par le fisc ;

Que loin de là il y aurait lieu pour l’État de parfaire, en faveur des familles pauvres, la somme de 875 fr., s’il était prouvé que le déficit ne provient pas de leur faute : c’est d’après ce principe qu’a été établie dans certains pays une taxe des pauvres ;

Qu’en conséquence l’impôt ne devant plus s’adresser qu’aux riches, c’est-à-dire à ceux dont le revenu moyen par famille excède 1000 fr., et cet impôt, voté par les représentants de la nation, étant de 125 fr. par famille, la progression doit être calculée de manière à ne leur laisser à tous, quelle que soit leur fortune, qu’un revenu de 875 fr.

Voilà où conduit le principe de l’impôt progressif, appliqué avec sincérité et bonne foi. C’est la désorganisation de la société par l’impôt, la plus brutale qui se puisse imaginer, et sans le moindre élément, sans la plus petite étincelle de réorganisation. Est-ce là ce qu’on demande ? Évidemment non. Personne parmi ceux qui proposent l’impôt progressif ne songe à opérer un semblable nivellement, personne n’aurait