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dit le proverbe, au pauvre que va la besace, toujours le riche qui est l’objet de la sollicitude du pouvoir. Et voilà pourquoi l’impôt dit progressif, capable tout au plus d’alimenter le bavardage des philanthropes et de faire hurler la démagogie, manque également de sincérité et de valeur scientifique.

On me dira sans doute que, dans l’exemple que je viens de présenter, la progression est trop faible, que rien ne serait plus aisé que de la rendre plus rapide, et partant plus efficace.

Sans doute rien ne serait plus facile ; mais la question n’est pas de savoir comment, à l’aide d’une échelle de progression, on aura le plus tôt fait de ruiner les riches en ne demandant rien aux pauvres ; elle consiste, dans le régime actuel, à trouver un système d’impôts qui, s’adressant de préférence à la richesse, respectant la médiocrité, à plus forte raison l’indigence, laisse subsister néanmoins les rapports sociaux, qui sont, comme nous l’avons dit, des rapports d’inégalité.

Or c’est justement en cela que consiste l’illusion.

Que répondrait le droit, en effet, que répondrait l’arithmétique, si, dans cette question de l’impôt progressif, l’on devait prendre au sérieux la pensée qui l’a inspiré ?

Leur réponse, on va l’entendre.

Étant donnée une population de 36 millions d’âmes, divisée en 9 millions de familles composées chacune de quatre personnes, le produit moyen par famille