« Or, remarquez ceci : l’intention des progressistes n’est pas, elle n’a jamais été de frapper la classe aisée de manière à lui faire perdre l’avantage de la fortune, mais seulement, comme le dit avec une extrême discrétion Adam Smith, de lui faire rendre quelque chose de plus que ce qu’exigerait la loi de la proportionnalité, et d’alléger d’autant le fardeau du peuple. »
Ainsi, dans l’hypothèse que nous venons de faire, d’une population de 36 millions d’habitants, d’une production collective de 9 milliards, d’un impôt du huitième de la production ; la cote moyenne normale, pour un revenu moyen de 1,000 fr., étant de 125 fr., soit 12.55 pour 100, le contribuable dont le revenu serait de 10,000 payerait 13.5 pour 100 ; à 20,000 fr., 14.5 ; à 30,000 fr., 15.5 ; à 40,000 fr., 16.5 ; à 50,000 fr., 17.5 pour 100, etc. La proportion à payer au fisc s’élevant de 1 pour 100 par chaque 10,000 fr. de revenu, le millionnaire jouissant de 100,000 fr. de revenu, et qui, d’après la loi de proportionnalité, ne devrait que 12,500 fr. de contribution, en vertu de la progression payerait 22,500 fr.
En suivant ce raisonnement, le citoyen chef de famille dont le revenu serait inférieur à 1,000 fr. devrait être taxé à raison de moins de 12.5 pour 100 ; mais ici l’influence de la progression devient presque insensible, puisque, si pour 1,000 fr. de revenu il est dû 12.5 pour 100 à l’impôt, et pour 10, 000 fr. 13.5, la progression s’élevant ou s’abaissant de 1 pour 100 pour chaque 10,000 fr. de revenu, il devra être payé