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producteur sera déchargé de la taxe, ou bien ledit produit sera trouvé trop cher, le public n’en voudra pas, et le propriétaire sera forcé de renoncer à la production. C’est ainsi qu’un droit de mutation trop élevé arrête la circulation des immeubles et rend les fonds moins productifs, en s’opposant à ce qu’ils changent de main. Annuler la propriété dans les mains du propriétaire, tel serait le but de l’impôt progressif : il y aurait plus de franchise à reprendre la propriété. Mais comment un gouvernement de liberté oserait-il avouer qu’au delà de telle somme il est défendu de posséder, d’acquérir ou de réaliser des bénéfices ; qu’entre la propriété et l’impôt il y a contradiction ?

« D’ailleurs, la supposition d’un impôt progressif ayant pour base soit le capital, soit le produit, est parfaitement absurde. Comment concevoir que le même numéro de coton filé soit frappé d’un impôt de 2 pour 100, ad valorem, chez un manufacturier dont la mécanique serait de 50,000 broches, et de 4 pour 100 chez un autre dont la manufacture en aurait 100,000 ? Comment le gros capitaliste payerait-il au fisc 1, 2, 3 pour 100 sur ses capitaux, tandis que le petit capitaliste serait taxé à 1/2 pour 100 ? Comment concilier avec ce système de taxes la loi qui défend l’usure ? Le montant de la taxe serait-il compté en dedans ou en dehors de l’intérêt ? Comment, plus un pays aurait besoin de capitaux, plus le fisc, par sa taxation progressive, les rendrait-il inabordables ?