Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dire qu’il faut que 2 et 2 ne fassent plus 4, mais 3 ou 5, à volonté.

Quel parti prendre ? Quelle alternative choisir ? C’est ce que je me permettrai d’examiner quand nous voudrons conclure ; mais ce n’est pas du tout, il faut le dire, ce que se demandent les progressistes. Les partisans de l’impôt progressif ne paraissent pas même soupçonner à quoi tient cette iniquité de l’impôt qui à bon droit les scandalise ; sans regarder ni en avant ni en arrière, ils refont les taxes, répartissent l’impôt, réforment le fisc, comme s’il n’existait ni une tradition sociale qui les contredit, ni une Liberté qui se joue de leurs manœuvres, ni des lois qui président à la production, à la circulation et à la consommation de la richesse.

Venons au fait.

L’impôt progressif prétend taxer, soit les revenus, soit la fortune des particuliers, non plus suivant un quantum pour 100 uniforme, mais d’après une échelle mobile, croissant en raison des facultés. Il y a longtemps que pour ma part j’ai fait la critique de ce système : qu’on me permette de rappeler ici quelques-unes des considérations qui, dès 1845, me le faisaient rejeter.

« Soit que l’impôt doive être établi sur le capital, soit qu’il frappe le produit, il arrivera toujours que le montant de l’impôt sera compté dans les frais de production, et alors de deux choses l’une : ou le produit, malgré l’augmentation de la valeur vénale, sera acheté par le consommateur, et par conséquent le