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la question consiste à retourner la progression, et à faire que ce même impôt devienne progressif, au contraire, dans le sens de la fortune.

Du premier mot, il est facile de reconnaître que l’hypothèse des partisans de la progression, que la théorie de l’impôt progressif, par conséquent, repose sur une illusion. On concevrait en effet que l’on proposât de retourner la progression de l’impôt, si elle venait d’une erreur du fisc ou d’un fait de privilége, comme au temps où l’impôt était le tribut disciplinairement établi sur la classe serve au profit de la classe privilégiée, de telle sorte que plus l’individu était enfermé dans le servage plus il devait rendre, et plus au contraire il s’éloignait de la condition servile, plus le fisc devait s’écarter de lui.

Mais nous n’en sommes plus là, et ni le fisc ni le gouvernement ne peuvent être accusés de tyrannie ou de méprise. Les vrais coupables sont ailleurs ; ne craignons pas de les désigner par leurs noms, dussions-nous être accusés de blasphème. C’est d’abord la Société, qui, à tort ou à raison, je n’ai point à le rechercher ici, de son plein gré ou contrairement à sa volonté secrète, je ne préjuge pas plus l’un que l’autre, s’est établie sur le principe ou le fait, comme on voudra, de l’inégalité des fortunes ; — c’est en second lieu la Liberté, qui, par son initiative, par la division à l’infini des industries, par leur concurrence, par leurs transactions, crée cette mobilité excessive des valeurs et les rend toutes solidaires ; — c’est, enfin, la Nécessité économique, qui, par ses lois de comptabilité et