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160 millions, 10 pour 100. L’acquittement d’une semblable capitation, même divisée en douze payements, étant difficile aux familles pauvres, on pourrait l’exiger quotidiennement, en chargeant par exemple les boulangers de la recette…

Mais il est évident que jamais gouvernement ne consentira à dévoiler d’une façon aussi claire la quotité des charges dont il accable chacun de ses administrés, et l’iniquité d’une répartition qui assimile l’indigent au millionnaire. Une capitation de 50 fr. par tête, comme en France, soit 200 fr. pour une famille de quatre personnes, sans préjudice de la conscription, révolterait les consciences et les cœurs. La dissimulation d’une si atroce vérité, sous forme d’impôt foncier, mobilier, des patentes, des contributions indirectes, etc., apparaît ici comme une mesure de prudence, essentielle au maintien de l’ordre social et à la conservation du gouvernement.

L’impôt progressif se présente donc ici tout à la fois comme une réparation de l’injustice faite au pauvre et un moyen de réaliser cette unité précieuse, que nous retrouvons partout dans le monde politique comme un gage d’économie et d’ordre. Examinons-le sans parti pris, comme si nous n’étions en rien intéressés à la chose.

L’impôt progressif est né du mensonge reconnu de la proportionnalité. Puisque, se sont dit les progressistes, A. Smith, J.-B. Say, et les autres à leur suite, puisque l’impôt proportionnel se résout en un impôt progressif dirigé dans le sens de la misère, toute