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L’impôt dans la société païenne.


Les autres nations, les grandes monarchies orientales, les républiques de la Grèce et de Rome, n’entendirent pas autrement que les Hébreux le droit public et l’impôt. Les expéditions des Sésostris, des Nabuchodonosor, des Cyrus, des Sémiramis, n’eurent d’autre objet que la razzia. Athènes vivait du tribut des villes qu’elle s’était soumises et dont la plupart étaient grecques ; Sparte était organisée pour le pillage ; Rome, qui répandit parmi les peuples la notion du droit universel, se fit payer de ce service en soumettant à son droit théocratique les nations vaincues. Que si l’on me demande de quoi subsistait l’État, à Rome, avant la conquête, je répète que l’État consistait tout simplement dans l’exploitation du plébéien par le patricien ; qu’en principe il n’y avait pas d’impôt, puisqu’il n’y avait pas de contribuables ; que le roi, comme les nobles, vivait du produit de ses champs ; que, lorsqu’il fallut recourir à des contributions, le payement de ces charges créa pour le citoyen une nouvelle prérogative, jus tributorum, analogue à notre cens électoral, témoignage et compensation de l’immunité originelle ; que le trésor public s’emplit ensuite au moyen du pillage ; et que l’impôt, établi sur l’étranger, commença avant la conquête. Ainsi en fut-il dans l’antique Orient ; ainsi le pratiqua d’abord la féodalité au moyen âge. Non content de prononcer l’incorporation politique des nations subjuguées, le