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tradition et de la vérité se gênent peu, à l’occasion, pour introduire leur arbitraire là où leur raison scientifique n’a pu pénétrer la raison des choses. On sait de quelle manière ils proposent de réagir contre l’excès de population. Les voici maintenant qui, confondus par la proportionnalité de l’impôt, déclarée d’abord une vérité, parlent d’y substituer une progression géométrique. Quand donc sera-t-il fait justice de cette secte, qui, sous prétexte de combattre le préjugé et de vulgariser les saines doctrines, agite la société et scandalise la pudeur des nations par ses absurdes et immorales théories (P) ?

Pour nous, qui dans le cours des choses devons chercher simplement à saisir la loi des choses, sans nous effrayer des oppositions qui y éclatent à chaque pas, nous dirons en nous résumant :

La pensée du législateur moderne, et la volonté du fisc qui en est l’expression, est très-positivement de répartir les charges publiques proportionnellement aux facultés des citoyens. Cette pensée est juste en elle-même, juste dans son énoncé et juste dans son objet. En principe, la proportionnalité de l’impôt est une vérité de raison, aussi bien qu’une vérité de droit. Il n’y a point à la réfuter.

Mais trois faits, étrangers au fisc, dominent dans l’application cette règle de proportionnalité, et la convertissent à l’égard des citoyens pauvres, et en raison directe de leur pauvreté, en une véritable razzia. Ces faits sont :

1o Que l’impôt, quel que soit le mode de son as-