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Telle est la pratique universelle, et pour toute espèce de contribution. L’exploiteur rural fait entrer dans le prix de son blé, de son bétail, de ses fourrages, l’impôt foncier que lui demande l’État ; le fabricant, le banquier, le négociant comptent, dans la détermination de leurs prix courants et de leurs escomptes, la patente et les timbres ; le boutiquier, l’employé, l’ouvrier lui-même, supputent dans la rémunération qu’ils exigent de leurs services leur contribution locative, et ainsi des autres.

Le mouvement des valeurs, la circulation des produits mettant toutes choses de niveau, il arrive, tout le monde l’a compris plus ou moins, que l’impôt prétendu proportionnel se trouve reporté tout entier, indirectement, sur la consommation, en sorte que ceux qu’on avait voulu dégrever sont précisément les plus chargés. De toutes les espèces d’impôts que nous avons passées en revue, la taxe sur la transmission d’immeubles est la seule qui ne retombe pas sur le consommateur ; encore avons-nous fait remarquer, avec M. Passy, que dans les mutations à titre onéreux l’impôt se déduit au moment de la transaction.

L’impôt se réduisant donc en définitive à une taxe de consommation, il en résulte qu’il est payé, à peu de chose près, par tous les citoyens riches et pauvres, ex æquo. Quels sont, en effets, les gros produits, tant au point de vue de la consommation générale qu’à celui du rendement fiscal ? Ce sont les céréales, les étoffes, le linge, les habitations, la houille, les fers, les substances alimentaires, les savons, les denrées