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cinquante, tant des personnes que des animaux, et il le donne aux Lévites, comme l’Éternel le lui a commandé. — « Chacun donnera de ses villes aux Lévites, à proportion de l’héritage qu’il possédera. Les chefs des tribus rivalisèrent de zèle dans leurs offrandes pour l’érection du tabernacle et la dédicace de l’autel. Ainsi l’autel et le trône, la liste civile et le budget ecclésiastique : voilà, toujours d’après le droit divin, le premier emploi des fonds de l’État.

Pour compléter le tableau, l’assistance et la charité procèdent encore du droit divin : « Quand tu feras la moisson et que tu auras oublié quelques poignées d’épis, tu ne retourneras point pour les prendre… Quand tu secoueras tes oliviers, tu ne retourneras pas y chercher de branche en branche… Quand tu vendangeras ta vigne, tu ne grappilleras point les raisins qui sont restés après toi : mais ce sera pour l’étranger, l’orphelin et la veuve, afin que l’Éternel te bénisse dans toutes les œuvres de tes mains. »

Cette manière de recommander l’aumône est touchante et poétique ; mais n’oublions pas qu’elle a pour corollaire le droit divin, la propriété de droit divin, le gouvernement de droit divin, l’impôt de droit divin, c’est-à-dire l’exploitation des masses jusqu’à l’extrême limite du nécessaire. Il est bien d’admirer la Bible, monument vénérable de nos antiquités. Mais la Bible, pas plus que l’Évangile, ne connaît le droit de l’homme et l’égalité. Ni le mosaïsme, ni le christianisme, n’eurent la notion complète de la Justice : il faut arriver jusqu’à la Révolution.