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plus terrible qu’on ait soulevée contre le régime fiscal.

Si l’impôt était établi exclusivement sur la terre ou sur le capital, que chaque famille eût son héritage et en tirât directement son revenu, les choses se passeraient comme on vient de le voir. L’impôt, frappant indirectement sur tout le monde, serait proportionnel, pour les uns au bien-être, pour les autres à l’indigence.

Mais rappelons-nous que l’impôt n’est pas établi seulement sur la terre, sur les maisons et les machines ; il est établi encore sur les personnes, c’est l’impôt de capitation ; sur le mobilier, sur les consommations. La plus forte partie du revenu de l’État provient de ces différentes sources. Or, comme les impôts qui produisent le plus sont ceux établis sur les objets de première nécessité, sels, boissons, combustibles, tabacs, la conséquence est que tous ces impôts réunis forment une capitation générale, égale pour tous, sans distinction de fortune. Sur la somme de 125 fr., que nous supposions tout à l’heure former la moyenne de contribution par famille (cette moyenne dépasse aujourd’hui 200 fr.), on peut compter hardiment que les 4/5, soit 100 fr., constituent une capitation invariable. La conséquence est facile à saisir. Abstraction faite des autres natures d’impôt, dont nous avons expliqué plus haut le mécanisme, chaque famille se trouve taxée de la manière suivante :

Pour un revenu de 1,000 fr. — 100 = 1/10.
» 900 » — 100 = 1/9.
» 800 » — 100 = 1/8.
» 700 » — 100 = 1/7.