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bénéfice suit encore la même loi ; arrivé au dernier degré de l’échelle, on trouve zéro.

S’il était possible que l’action de l’impôt s’arrêtât là, peut-être n’eût-on jamais songé à réclamer. Mais le fisc est impitoyable ; d’ailleurs la justice se trouve ici d’accord avec le fisc, tout le monde sans exception doit être soumis à l’impôt. Sous l’ancien droit, l’impôt était le signe de la servitude : aujourd’hui il est le signe de la liberté et de la souveraineté. La taxation ne s’arrêtant pas à la limite extrême de 1,000fr. de revenu, voici donc ce qui arrive.


Deuxième série. — Fortunes dont le revenu est au-dessous de 1,000 fr. :

Revenu par famille :   900.00 850.00 800.00   750.00
Impôt :   112.50   106.25   100.00   93.75
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Reste :   787.50   743.75   700.00   656.25
Consommation moyenne :   875.00   875.00   875.00   875.00
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Déficit :   87.50   131.25   175.00   218.75

Dans cette série, l’impôt, qui tout à l’heure frappait le superflu, frappe maintenant le nécessaire ; la proportionnalité, au lieu d’être établie sur des facultés positives, est établie sur des facultés négatives. En sorte que le citoyen qui devrait contribuer de son abondance aux charges de l’État semble ici puni, par une spoliation fiscale, de sa pauvreté.

Ce résultat, déjà si choquant, n’est cependant pas le dernier mot du système. L’impôt n’est pas seulement proportionnel à la misère, il est ce qu’on appelle progressif dans le sens de la misère. Cette vérité est la