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Les taxes de consommation arrêtent la production et restreignent le marché.

« Presque partout, » dit J.-B. Say, « le bas peuple est obligé de se passer d’une foule de produits qui conviennent à une nation civilisée, par la nécessité où il est de se procurer d’autres produits plus utiles à son existence. En pareil cas, non-seulement le nombre des consommateurs diminue, mais chaque consommateur réduit sa consommation. Si la marchandise ne renchérit pas, l’impôt est payé par les producteurs ; si, sans que la marchandise hausse, la qualité en est altérée, l’impôt en est supporté, du moins en partie, par le consommateur : car une qualité inférieure qui se vend aussi cher équivaut à une qualité égale qui se vend plus cher. Tout renchérissement d’un produit diminue nécessairement le nombre de ceux qui sont portés à se le procurer, ou du moins la consommation qu’ils en font. »

Ici l’on ne saurait s’empêcher de faire une réflexion.

Parmi les expédients gouvernementaux, il n’en est pas peut-être de plus absurde que celui qui, obérant les nationaux de contributions sur les denrées, s’en va chercher, dans des traités de commerce et des réductions de tarifs douaniers, quoi ? un allégement au paupérisme ? Non, pas même un allégement au paupérisme, mais un débouché aux produits du pays. Ainsi, tandis que le gouvernement français maintient à l’intérieur les seize impôts sur le vin, que les octrois aggravent encore la consommation des boissons de 10 à 30 centimes le litre, il sollicite de l’Angleterre une