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Critique de l’impôt de consommation. — Octroi, douane.


Les hommes d’État ne connaissent qu’un avantage à cette espèce de contribution : c’est que la perception en est facile. Pour tout le reste, ils l’abandonnent. Les économistes ont donc beau jeu ; aussi sont-ils unanimes dans leurs malédictions.

« Plus les produits dont l’impôt accroît le prix sont indispensables à la satisfaction des besoins de l’homme, dit M. Passy, et moins l’impôt qui les frappe se proportionne aux facultés de ceux qui le payent, plus il prend aux familles pauvres des faibles revenus dont elles jouissent… Prenons, par exemple, l’impôt du sel ; c’est une capitation, ou pis qu’une capitation. Rien de plus simple à démontrer. Le sel est une de ces choses dont personne ne peut se passer, et dont chacun use en quantité pareille. Qu’en résulte-t-il ? C’est que chacun paye la même somme à l’État à l’occasion du sel dont il a besoin… Il y a plus ; partout ce sont les pauvres que la nature même de leur alimentation force à acheter le plus de sel ; et parmi les pauvres ce sont les nécessiteux, ceux qui ont à leur charge le plus grand nombre d’enfants, qui en consomment davantage. Ainsi l’impôt, de classe à classe, et dans chaque classe de personne à personne, pèse en raison inverse des facultés ou des revenus. Une taxe personnelle, qui rapporterait autant à l’État, nuirait moins aux intérêts des masses et serait