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nation, dans la tribu, dans l’État, a son principe dans la famille. Le fils succède au père, non-seulement dans son avoir, mais dans ses fonctions, dans sa tâche, par conséquent dans son droit : c’est ce qu’exprimait la loi égyptienne, obligeant les enfants à exercer la même profession que leurs pères. Il ne peut plus être question aujourd’hui de ressusciter ce régime de castes ; mais nous avons là une image naïve de cette loi, véritablement de nature, que nous appelons hérédité. Longtemps avant que les chefs de famille eussent, par un pacte volontaire, fondé l’État, l’ordre de succession était établi sur la génération elle-même. La suppression de l’héritage au profit de l’État, ce serait le communisme gouvernemental, la pire des tyrannies, une sorte de panthéisme où les individus seraient régentés, nourris, entretenus, exploités par une volonté impersonnelle, pour la gloire d’une idée abstraite, mais où il n’y aurait pas plus de société que de familles, pas plus de familles que de personnes.

— Mais, nous dit-on, c’est moins à l’héritage qu’on en veut qu’à l’inégalité. Vous avouez vous-même que l’égalité, l’équivalence ou l’équilibre des conditions et des fortunes est une des lois de l’humanité ; qu’elle est la conséquence, le corollaire de l’égalité devant la loi, proclamée par la révolution ; qu’il y a tendance de l’économie sociale au nivellement. Pourquoi donc l’État ne favoriserait-il pas, par tous les moyens en son pouvoir, cette tendance ; conséquemment, pourquoi n’userait-il pas de l’impôt ?

À cette instance, nous avons à répondre deux choses :