Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cela la famille ? En récoltera-t-elle un épi de plus ? Sans doute vous comptez que la consommation de la famille étant allégée de l’entretien et de la nourriture d’un homme, les survivants profitent de la différence. Mais le travail de cet homme, qui le remplacera ? Et si ce travail n’est pas remplacé, n’est-il pas à craindre que l’exploitation n’en souffre, et par conséquent que la famille, et la société tout entière, au lieu de gagner au décès d’un de ses membres, ne s’en trouve plus pauvre ? Que de fois le fisc, si le fisc pouvait être juste, au lieu d’exiger un centième denier, devrait le payer ! C’est pourtant au milieu de cette désolation, dans cette détresse bien souvent, que le fisc se présente et somme les héritiers de payer leur bienvenue. Vous voilà propriétaires, dit-il, vous me devez tant !

Toute succession se liquide par un déficit, provenant à la fois et de la disparition du chef, lorsque le travail de ce chef est indispensable à la gestion de la propriété, et de la prélibation fiscale, comme si, par le fait de la transmission, il y avait service rendu par l’État ou création de richesse.

Dans nos pays de droit moderne, où règne le principe de l’égalité des partages, où par conséquent la propriété tend incessamment à se diviser, le cas que je viens de décrire est le plus fréquent. Pour atteindre quelques richards, des héritiers déjà nantis, dont le nouvel appoint, en présence de tant de misères, semble une insulte du sort, on jugule la moitié des populations.