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est au mieux dans ce meilleur des mondes ; il pense au contraire que si, depuis son origine, l’humanité a fait d’heureux progrès, il lui en reste de bien plus grands encore à accomplir ; à plus d’un titre, il a mérité d’être classé au premier rang de l’armée révolutionnaire. Mais, plus il s’est prononcé dans le sens du mouvement, plus il attache d’importance à en maintenir la vraie direction. Une sagesse supérieure a posé le rail sur lequel roule le genre humain ; ce rail, nous le briserions si nous portions atteinte à la loi de transmission patrimoniale.

La destinée de l’humanité, tout le monde nous paraît d’accord aujourd’hui sur ce point, est de réaliser progressivement dans la famille, dans la cité et dans l’individu la liberté, le savoir, la justice, de faire régner, dans chacun des groupes dont se compose la nation, et d’assurer à chaque personne la richesse, l’ordre et la paix.

La liberté, le savoir, le droit, la philosophie, le bien-être, ont pour corollaire l’égalité. Oui, et il faut le proclamer bien haut à cette heure de doute et d’aberration ; oui, dis-je, en dépit des apparences contraires, la société marche, par le droit, par la science, par la production, à l’égalité des conditions et des fortunes.

Or, il y a pour les conditions humaines deux manières d’opérer leur nivellement. La première et la plus anciennement essayée, celle à laquelle le découragement des révolutions a ramené de temps à autre les célébrités de l’utopie, est la communauté. Ce sys-