Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paris. Quelques milliers de riches n’en ont perdu ni une bouchée ni une partie de chasse ; le peuple s’abstient de gibier et de marée, il sait à présent qu’il est certaines choses qui ne sont pas pour lui.


Critique de l’impôt des portes et fenêtres.


Quel rapport peut-il exister entre le revenu du citoyen et le nombre des ouvertures de son habitation ? Aucun, sans contredit. Mais là est le moindre inconvénient de cette taxe homicide.

« En 1835, » dit M. Blanqui dans son Mémoire sur la situation des populations rurales de la France, « 346,401 maisons dans les campagnes n’avaient qu’une seule ouverture ; 1,817,328 en avaient deux. Trois millions de logements dans les villages, où ne saurait manquer l’espace forcément restreint dans les villes, sont privés d’air et de lumière pour échapper à la taxe des portes et fenêtres. C’est là pourtant que vivent, d’une vie trop souvent commune avec les bestiaux qui les nourrissent, plusieurs millions d’hommes, ceux-là dont les modestes cotes foncières composent la plus sûre partie du revenu national. »

Il n’est pas une province de l’ancienne France où l’on ne vous fasse ce conte : Certain seigneur s’était fait construire un château si magnifique que l’on y comptait 999 fenêtres. — Pourquoi pas mille ? demandez-vous surpris. — Parce que si le château avait