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ne doit pas être perdu de vue. Nous aurons occasion d’en étudier le principe, et de porter à ce sujet un jugement définitif.


Critique de l’impôt somptuaire.


Avant d’aller plus loin, je crois devoir avertir le lecteur de ne pas se méprendre sur la pensée qui dirige ma critique. Je tiens toute espèce d’impôt pour mauvais en soi, injustifiable au point de vue de la justice et de l’économie politique, et en contradiction permanente avec les principes qui, selon le droit moderne, sont censés régir la matière. Cela ne veut pas dire que je veuille bouleverser le régime financier des États, changer les habitudes des nations, faire la leçon à d’honorables administrateurs qui, chacun en ce qui lui compète, en savent certainement plus que moi ; pousser les populations, enfin, à révolutionner chez elles, de fond en comble et sans autre examen, l’impôt, l’administration et l’État. Ma prétention est plus modeste : c’est, d’abord, de mettre à néant toute utopie ambitieuse ; puis de montrer comment, à l’aide des moyens existants, si illogiques que l’analyse les fasse paraître, on peut arriver à des conclusions rationnelles, qui satisfassent la conscience publique et les intérêts. Pour cela, deux choses étaient indispensables : la première de poser les vrais principes ; la seconde de montrer qu’aucune hypothèse d’impôt spécial n’y satisfait.

L’impôt sur le luxe n’est qu’une annexe de la contribution