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faire plus d’affaires que le filateur avec des ateliers d’un hectare. Le notaire, l’avoué, l’agent de change, le banquier, ne maniant pas des valeurs encombrantes, sont privilégiés par rapport au maître de forges, au marchand de nouveautés, à qui il faut de vastes emplacements.

« Je n’ai pas vu sans surprise, dit Camus à l’Assemblée nationale en 1790, le comité confondre dans une même disposition la contribution sur les capitaux et l’industrie. Je ne sais pas comment on a pu confondre l’homme qui, commençant son travail avant le jour et le prolongeant fort avant dans la nuit, fournit à peine à ses besoins, avec l’agioteur, qui n’a d’autre peine que de recevoir l’escompte et l’intérêt de son argent. Je dois défendre l’industrie, parce qu’elle donne la vie à tout. On ne peut pas imposer les conceptions de l’homme ; il faut donc séparer le revenu industriel et le revenu mobilier. Le comité a dit : Plus on a de loyer, plus on a de revenu. Et moi je dis tout le contraire : L’industriel qui a le plus de loyer est souvent celui qui a le moins de revenu imposable. Ceux qui ont un état pour gagner leur vie prennent un loyer dans un des plus beaux quartiers, parce qu’ils sont obligés de se loger là où le client les trouvera plus à proximité. Voilà les hommes sur lesquels l’impôt frapperait, et voilà ceux qu’il devrait épargner. »

De l’aveu des partisans de la contribution mobilière, la valeur locative n’est qu’une probabilité de revenu.