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écoulée, représenterait la contribution à payer pour l’année suivante.

Or, c’est là une opération déclarée impossible. On ne sait pas, on ne peut pas savoir, même par approximation, quel est le revenu brut d’un pays ; bien moins encore quelle est, dans ce revenu brut, la part de chaque citoyen. L’estimation du revenu brut d’un pays ne peut s’évaluer qu’entre des limites maxima et minima suffisantes pour établir certains raisonnements généraux, mais qu’il serait absurde de prendre pour règles en matière d’impôt. Cette impuissance tient à diverses causes, dont la principale est la mobilité même des valeurs, la transformation incessante des produits, l’embarras où l’on est de déterminer l’espèce de travaux et de services qui entrent dans la composition du revenu brut.

Cette variabilité et cette indétermination qui forment le caractère des phénomènes économiques se retrouvent dans la terre, dont la qualité n’est pas la même partout, ni la fécondité égale d’une année à l’autre, qui de plus, par des influences qu’il n’est pas toujours possible d’apprécier, augmente ou diminue de qualité avec le temps. Lors donc que le fisc, pour arriver à une répartition proportionnelle de l’impôt, s’attachant d’abord à la propriété foncière, assigne une contribution de x par hectare ou par cent francs de revenu net ou brut présumé, non-seulement il fait une opération de pure probabilité, mais il pèche contre le principe fondamental de l’impôt, savoir que le service de l’État étant une fraction du produit