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l’impôt en nature n’est plus possible que sur un petit nombre de produits extractifs, houilles, minerais, bois, et sur les services des grandes exploitations de transports. Hors de là, on peut le considérer comme tombé en désuétude, et, je le répète, ce serait faire reculer la civilisation que d’y revenir.

En ce qui concerne le service militaire, la critique est depuis longtemps épuisée, et je n’aurais qu’à y souscrire si, sur ce point comme sur tous les autres, il n’était de mon devoir de témoigner par mes déclarations de ma fidélité aux principes.

Commençons par séparer la question de guerre de la question de l’impôt.

Je crois donc qu’il est des circonstances où une nation est dans la nécessité de défendre contre une autre, par les voies de la force, sa liberté, son indépendance, ses institutions, son territoire, son honneur, et que, si elle ne le fait, elle se rend coupable de suicide, de mort morale. Une nation qui reculerait devant l’ennemi serait incapable de former un État ; son indignité ne tarderait pas à porter ses fruits. Ce n’est pas moi qui, par une fausse philanthropie, par une charité ou dévotion imbécile, prêcherais en pareil cas l’abstention, et qui mériterais le reproche que lord Palmerston adressa un jour, en plein parlement, à M. Bright le quaker : Oh ! lui dit-il, je le sais parfaitement, l’ennemi serait au pied de la Tour de Londres, que vous protesteriez encore contre la pensée de nous défendre (M).

Mais, le cas de guerre admis, le danger de la patrie