Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment, par conséquent, et en dépit de la meilleure volonté du monde, une œuvre d’iniquité.


Critique sur l’impôt en nature.


Le système des corvées et prestations en nature s’est conservé, de même que le service militaire, dans la plupart des pays civilisés. C’est au moyen des corvées et des prestations principalement que la France a créé, nivelé, rectifié, amélioré, entretenu cinq à six cent mille kilomètres de chemins vicinaux depuis un demi-siècle. La grandeur d’un pareil résultat ne permet pas de condamner légèrement le régime qui l’a produit.

L’impôt en nature, ou prestation, rentre dans la condition normale de l’impôt, en ce sens que, consistant soit en main-d’œuvre, soit en produits du sol et de l’industrie du contribuable, il est pris sur le produit collectif ; en ce sens encore que, réparti par famille, en raison approximative du nombre des personnes qui la composent et de l’importance de son exploitation, il tend à la proportionnalité.

Mais cet impôt rencontre un inconvénient essentiel dans ce fait inéluctable, que l’espèce de prestation ou corvée que l’État peut requérir du citoyen à titre d’impôt, se réduit communément à des travaux grossiers, charrois, terrassements et autres analogues, travaux qui ne conviennent pas indifféremment à toute espèce de travailleurs. On ne s’improvise pas plus conducteur, fossoyeur que cordonnier ou homme de