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gleterre, de mettre au rang de ses charges les plus considérables le soulagement des pauvres : mais nous n’en sommes point là. Faisant l’historique de l’impôt, et partant de la société primitive ou sauvagerie, après avoir posé en principe l’obligation pour chacun de payer l’impôt, et conséquemment l’égalité de cet impôt, nous citons, en exemple, d’abord la prestation du service militaire, puis la corvée, ensuite la capitation, enfin l’abandon au fisc de la quote-part de chaque citoyen au revenu domanial.

Nous supposons donc que jusqu’à ce moment aucun changement notable n’est arrivé dans la condition économique des citoyens, c’est-à-dire que, nonobstant la distinction des grades et l’inégalité des héritages, les familles jouissent toutes d’une indépendance et d’un bien-être équivalents ; et nous disons que, dans ce cas, si l’État jouissait d’un revenu suffisant pour acquitter ses charges, personne n’ayant rien à retirer du domaine public, mais personne n’ayant rien non plus à payer, il n’y aurait à cela aucune injustice. Chacun conservant entiers sa liberté et ses moyens d’action, l’État donnant en quelque sorte ses services gratuitement, il n’y aurait pas plus lieu de rechercher si lesdits services profitent plus à l’un qu’à l’autre, si par conséquent il ne serait pas juste d’exiger des plus riches, en faveur des moins avantagés, le remboursement d’une différence, qu’il n’y a lieu aujourd’hui, dans une cité comme Paris, d’imposer cinq francs de contribution à l’homme de trente ans et soixante centimes seulement à l’enfant de six mois, sous prétexte