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gent que tous aillent en armes à sa rencontre ; et c’est en sacrifices de temps, de fatigue et de sang qu’elles les forcent à acquitter envers l’État une dette que nul d’entre eux n’oserait méconnaître. L’impôt, à cet âge de la civilisation, c’est l’obligation de combattre et, au besoin, de mourir pour le salut de la communauté. »

La capitation, les corvées ou prestations en nature, sont fondées sur le même principe. On peut trouver plus commode de les remplacer, à volonté, par un équivalent en argent ; en elles-mêmes elles n’ont rien d’injuste.

« Tant que les sociétés demeurèrent pauvres et ignorantes, continue M. Passy, l’impôt ne consista qu’en services personnels. En temps de guerre, les populations se levaient en masse et servaient à leurs propres frais sous les drapeaux de leurs chefs ; en temps de paix, elles s’unissaient pour bâtir des temples et des citadelles, pour ouvrir des routes et construire des édifices publics. Elles cultivaient de leurs mains les champs réservés aux prêtres, aux magistrats, aux dépositaires de la puissance publique. Des corvées suffisaient à tous les besoins de l’État. »

Les revenus domaniaux se ramènent encore à la même catégorie. Ce qu’on appelle propriété ou domaine de l’État est la propriété commune des citoyens, la portion non aliénée ou non appropriée du territoire. Le revenu de ce domaine, si le gouvernement ne le réclamait pour l’acquittement de ses dépenses, re-