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est devenue l’une des plus difficiles de l’économie politique. Il s’agit, en effet, de faire contribuer les citoyens, non-seulement par tête, la capitation ne pouvant être seule employée que dans le cas d’une excessive réduction de l’impôt, mais chacun selon ses facultés, ainsi que nous l’avons précédemment fait voir.

C’est ici que nous entrons dans les grandes difficultés de la matière.


§ 1er. — DE L’ÉGALITÉ ET DE LA PROPORTIONNALITÉ DE L’IMPÔT.


Comment la contribution personnelle se change en une contribution réelle.


De la définition de l’impôt, qu’il est un échange entre les citoyens et l’État, il résulte que tout individu est présumé recevoir, directement ou indirectement, sa part des services de l’État, et conséquemment qu’il doit supporter sa part des dépenses. Rien pour rien, c’est la loi économique.

A l’origine des sociétés, cette loi s’exécute dans sa rigueur : l’impôt se confond avec la force de collectivité. Le service de l’État, s’il est permis d’appliquer ce mot d’État à une horde de sauvages, consistant presque exclusivement en service militaire, chaque citoyen paye de sa personne : il y a égalité.

« Les tribus sauvages, dit M. Hippolyte Passy, tant qu’elles sont en paix avec leurs voisins, n’imposent à leurs membres aucune sorte de charge ou de contribution. Mais, à l’approche de l’ennemi, elles exi-