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En deux mots, dans une société communiste, on commencerait par faire la part de l’État ; les communiers se partageraient le reste.

Mais ce n’est point avec cette simplicité que le problème se présente dans les sociétés modernes. Depuis surtout que la Révolution française a mis fin à l’âge théocratique, absolutiste et féodal, et suscité en face de l’État cette puissance nouvelle que nous avons appelée la Liberté, les peuples s’écartent de plus en plus de ce régime communautaire préconisé jadis par les anciens réformateurs, Minos, Lycurgue, Pythagore, Platon et les fondateurs d’ordres religieux. En même temps qu’il s’affranchissait de toute autorité divine l’homme s’est affranchi de toute autorité humaine, il a dit : Je veux être libre, et je serai libre.

Noble et heureuse révolution ! La liberté, il est vrai, est chose ardue, périlleuse, et qui coûte cher, aussi bien que la science et la vertu. L’esclavage, au contraire, l’inertie, de même que l’ignorance, la misère et le péché, ne demande aucun effort. Mais combattre, c’est vivre ; la liberté, jointe au savoir et à la justice, est le tout de l’homme. Et qu’était-ce, après tout, que ce communisme des anciens sages, sinon la théocratie elle-même, le droit divin ? Pas n’était besoin d’abjurer l’Église et ses oints, si le lendemain on devait se reconstituer dans l’indivision et la servitude. Il fallait simplement revenir à Grégoire VII et à Charlemagne.

Les nations, depuis 89, ayant opté pour un système d’État dans lequel le pouvoir est balancé par la liberté individuelle, la question de la répartition de l’impôt