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CHAPITRE PREMIER


L’IMPOT AVANT LE DROIT MODERNE


Dualisme social : Nécessité et Libre Arbitre ; l’État et l’individu.


Les principes qui régissent les sociétés humaines sont le produit de deux forces contraires : la Nécessité, j’entends par ce mot la nature des choses et ses lois, et le Libre Arbitre.

Dégager les principes, déterminer les conditions d’existence de la société, n’est pas, comme l’on voit, d’une difficulté médiocre, puisqu’il s’agit d’étudier à la fois, dans leur mutuelle influence, deux forces aussi diamétralement opposées l’une à l’autre que le libre arbitre et la nécessité.

Le libre arbitre se manifeste dans la société de deux manières : tantôt il parle au nom de la collectivité, c’est la corporation, la caste, la cité, l’État ; tantôt il est l’expression de la personnalité, c’est l’individu. — Le libre arbitre de l’État prend le nom de Raison d’État ; le libre arbitre individuel se nomme proprement Liberté.

De même que la nécessité et le libre arbitre s’opposent entre eux, de même la raison d’État et la