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en nature. S’il est vrai que les frais généraux d’un établissement diminuent en raison de son importance, la contribution communale devrait être à Paris, par chaque famille, la moitié ou le quart de ce qu’elle est dans la plus petite commune de France : c’est juste le contraire qui a lieu.

Les budgets cantonaux, départementaux ou provinciaux, dont la quotité et l’emploi se règlent déjà loin des yeux des contribuables, sous l’influence des préfets, laissent une place beaucoup plus large aux influences, aux priviléges, aux faveurs, aux inutilités et futilités. La répartition des travaux, même les plus utiles, aux mains d’un pouvoir qui cherche avant tout l’obéissance, devient un moyen de pressuration et d’asservissement : malheur aux localités indociles !

Quant au budget général d’un vaste empire, tel que la Russie, la France, l’Autriche, l’Angleterre, c’est presque à désespérer de le ramener aux lois de la justice commutative et aux règles de la comptabilité. L’armée destinée à la défense des frontières devient un moyen de provocation pour les États voisins, et un objet de parade pour les dignitaires du gouvernement et les badauds des grandes villes. Les pensions, les encouragements à la presse vénale, à l’art flagorneur ; la construction de monuments d’orgueil, hors de proportion avec les besoins et les ressources des capitales ; les fêtes, les réceptions, les traitements parasites, l’organisation d’une bureaucratie tracassière, méticuleuse, hargneuse, qui laisse passer des concussions et des brigandages comme ceux qu’ont révélés