Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’ignorance des États-Unis, en particulier, passe toute croyance. Dans le seul État du Massachusetts, les ténèbres où la nature a plongé cette malheureuse race sont si profondes que le législateur a jugé nécessaire d’imposer aux villes une taxe de 873,382 dollars (quatre millions cinq cent mille francs) pour le seul entretien des écoles publiques. Notez que les écoles libres ne prennent aucune part à ce budget, ni les académies qui sont soutenues en grande partie par les legs de simples particuliers, et qu’en douze ans (de 1838 à 1850) on a dépensé 2,200,000 dollars (onze millions de francs) pour construire des écoles nouvelles. Faut-il que ces ignorants aient honte de leur ignorance et sentent la nécessité d’en sortir !

« Voulez-vous savoir maintenant à quelles sommes s’élèvent toutes les autres dépenses du Massachusetts, y compris la milice, l’administration, le gouvernement, la perception des impôts et l’intérêt « de la dette publique ? A 500,000 dollars (deux millions cinq cent mille francs). Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le recensement de 1850.

« La population du Massachusetts est d’un million d’hommes.

« L’État en France dépense pour l’instruction publique une somme à peu près égale (je regrette de ne pouvoir dire le chiffre exact), c’est-à-dire trente-six fois moindre, puisque la population de la France est trente-six fois plus considérable que celle du Massachusetts. Il faut que nous soyons savants dès