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entre les différents États, varie à l’infini ; d’autre part, la composition des dépenses, la nature des services, n’est pas la même : il est impossible de tirer de leur comparaison aucune détermination scientifique. Or, comme en toute réforme il faut commencer par une première hypothèse ou donnée provisoire, je proposerais, à l’exemple du Pentateuque et de la loi ecclésiastique, dont la trace s’aperçoit encore dans plusieurs de nos impôts, d’adopter pour maximum le dixième, ou la dîme, selon le vieux style. Il est bien entendu que ce maximum pourra et devra ultérieurement être réduit : mais il faut partir d’un point. Parmi les États de l’Europe, les uns perçoivent plus, les autres moins. En France, on peut calculer que les frais d’État, auxquels nous joindrons ceux des départements et des communes, sont le sixième au moins du produit de la nation ; que, par conséquent, l’acquittement de l’impôt entre, en moyenne, pour un sixième dans les dépenses de la famille. D’où il est aisé de conclure qu’en France le gouvernement, quelque bien qu’il s’efforce de procurer, loin d’ajouter par ses services au bien-être du pays, est une cause positive d’appauvrissement. Non-seulement la loi de l’offre et de la demande est violée, et le service coûte plus qu’il ne vaut ; il y a de plus disproportion entre le budget des familles et celui de l’État.