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RÈGLES À SUIVRE CONCERNANT LA QUOTITÉ DE L’IMPÔT.


1re règle : Fixation d’un maximum.


Puisque, d’après la septième proposition énoncée au paragraphe précédent, tout impôt se perçoit sur le produit brut du pays, la conséquence est que l’État doit agir pour la nation comme le père de famille pour sa famille, fixer à ses dépenses un chiffre qu’il ne dépasse jamais. En bonne économie domestique, le revenu étant donné, chaque nature de dépense se proportionne, pour ainsi dire, d’elle-même : tant pour la table, tant pour l’habitation, tant pour l’habillement, tant pour les maladies, les accidents, etc. Donc, a pari, tant pour l’impôt. Par exemple, une famille qui dépense pour frais de logement un sixième de son revenu est encore dans une condition passable ; si le loyer s’élève au cinquième du revenu, il est cher ; s’il atteint le quart ou le tiers, il est exorbitant. Il en est ainsi de l’impôt. Toute famille qui devrait payer, pour sa quote-part des frais d’État, un quart ou un tiers de son revenu, pourrait se dire pressurée ; mieux vaudrait, comme en certaines localités de l’Amérique, courir le risque de l’anarchie.

Quelle doit donc être, à peu près, dans le budget d’une famille, la proportion normale des frais d’État ? Aucun renseignement n’a été recueilli sur cet objet, et la raison en est simple : c’est qu’il n’y a pas de gouvernement qui de lui-même consente à se réduire à la portion congrue. D’un côté, la quotité de l’impôt,