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tour la loi économique, qui, en toute administration, régie, entreprise, prescrit de réduire les frais généraux au minimum. Il suit de là que, de même que l’on peut juger de la bonne tenue d’une maison de commerce et d’une entreprise industrielle par la modicité de ses frais généraux, de même on peut augurer favorablement de l’administration d’un État, de la capacité et de la sévérité de ses directeurs, de la liberté et de l’aisance des citoyens, par la médiocrité de l’impôt. Cette pierre de touche est infaillible.

Réduction illimitée de l’impôt, au rebours de l’ancienne et homicide maxime : Faire rendre à l’impôt tout ce qu’il peut rendre ; telle doit être, en ce qui concerne la quotité de l’impôt, la règle générale.

Mais pour atteindre ce but, il faut préciser davantage : c’est une assez pauvre garantie à exiger d’un mandataire que de lui imposer pour unique devoir qu’il doit agir au mieux des intérêts du mandant. Autant vaudrait presque lui donner un blanc seing. Est-il un seul gouvernement, un seul ministre, un Loménie de Brienne, un Calonne, un abbé Terray, qui ne se vante d’administrer le pays, de dépenser son argent et de lever les taxes au mieux des intérêts de la nation ? Pour rendre le précepte efficace, il faut imposer aux gouvernants certaines prescriptions dont ils ne puissent sous aucun prétexte s’écarter, et dont le résultat soit de produire l’économie demandée.

Voici quelle me semble pouvoir être cette discipline.