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tiplicité, comme si l’une de ces hypothèses était vraie à l’exclusion de l’autre. Nous constatons au contraire qu’en raison du dualisme sur lequel sont établies les sociétés, État et individus, force publique et liberté, personnes et choses, il y a nécessairement double tendance, tendance à l’unité et tendance à la diversité ; que ces deux tendances se fortifient encore par la nature dualiste de l’être humain, composé de matière et d’esprit, de moi et de non-moi ; que prétendre étouffer l’une de ces tendances, ce serait mutiler l’homme et la société, et que tout ce que l’homme d’État doit faire ici, c’est, en restant fidèle autant que possible à l’unité qui est essentielle au pouvoir, de suivre la liberté dans ses évolutions.

Il en résulte que dans l’impôt il y aura des taxes universelles, telles que l’impôt personnel, l’impôt foncier, et des taxes spéciales, telles que l’impôt sur les boissons, les sels, les tabacs, les péages ; que la perception, se faisant le plus souvent en numéraire, sera uniforme ; en un mot que l’impôt, unique par son principe, par sa raison subjective et gouvernementale, sera multiple par son objectivité et sa matérialité.

Ce n’est point là un éclectisme plus ou moins arbitraire, tel que nous l’avons signalé dans les propositions formulées par le congrès ; c’est une synthèse, c’est-à-dire une conception philosophique régulièrement formée, expression de la nature des choses et de la société.