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leste-Empire : maintenant les espèces d’or et d’argent sortent en liberté. La Revue des Économistes (janvier et février 1844) s’exprimait ainsi à ce sujet : « L’Angleterre, qui a obtenu de la Chine ce qu’elle voulait, renonce à l’honneur coûteux d’entretenir un ambassadeur à Pékin, et elle en éloigne ainsi, sans qu’on puisse se plaindre, tous les personnages politiques dont elle pourrait redouter l’influence. D’autre part, elle a consenti à introduire dans les traités une clause additionnelle, qui accorde à tous les pavillons tous les avantages qu’elle avait d’abord réservés exclusivement au sien : grâce à cette concession apparente, elle a rendu inutile la présence en Chine de diplomates et de négociateurs européens, voire même d’Amérique. Mais elle a arrangé les choses de telle sorte, qu’elle n’en garde pas moins à peu près seule les bénéfices du marché chinois ; car c’est elle qui a réglé les tarifs et qui présidera à leur application dans les cinq ports ouverts au commerce. Inutile de dire que ces tarifs sont surtout modérés pour les articles sur lesquels l’Angleterre ne craint pas de concurrence. »

Eh bien ! que disent de cette loyauté punique les économistes ? Est-il assez avéré que ce que l’Angleterre demande, avec sa théorie du libre commerce, ce ne sont pas des échangeurs, mais uniquement des acheteurs ?

L’Annuaire de l’Économie politique pour 1845 est venu confirmer les sinistres prévisions de la Revue économique de 1845. On y lit :

« Le traité avec la Chine n’a pas encore produit pour les Anglais les avantages qu’on en attendait. Les Anglais commencent sérieusement à craindre que, par suite de balances de commerce énormes au préjudice du Céleste-Empire, depuis plusieurs années, le numéraire y devienne tellement rare, que toute transaction avec ce pays devienne impossible[1]. »

Et pour conclusion, M. Fix imprimait un autre jour : « Le sort de la Chine ne sera pas différent de celui de l’Inde. L’origine des possessions anglaises dans ces vastes régions se rattache à cette politique odieuse et infâme qui a décrété l’asservissement et l’exploitation de tant de peuples divers. » Les économistes, qui nous racontent tous ces faits, qui

  1. Cet article a M depuis démenti par le Journal des Économistes, sur des renseignements considérés plus véridiques. Quant à moi, le fait me paraît d’autant plus indubitable qu’il est un résultat nécessaire de la politique anglaise. Qu’est-ce, devant la nécessité, que la rétractation d’un journaliste, même le mieux informé ?