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« Il est permis de supposer qu’à l’exemple des autres priviléges, qui sous certains rapports et à certaines époques ont agi comme stimulants, les prohibitions ont pu être un encouragement ; qu’elles ont aidé à vaincre l’hésitation des capitalistes, et à les engager dans des entreprises utiles, mais chanceuses. »

Est-il permis aussi de demander quels sont ces autres priviléges qui, de même que les prohibitions, ont agi comme stimulants sur l’industrie, et que cependant la théorie condamne à l’égal des prohibitions ? Partout, à l’origine, nous dit M. Rossi, nous rencontrons un monopole. C’est ce monopole qui change le prix naturel des choses, et qui néanmoins se consolidant et se généralisant par un accord tacite, est devenu la propriété. Or, que la propriété ait eu ses raisons, cela n’est pas contestable ; que de plus elle n’ait pas empêché certains progrès, que même elle ait agi comme stimulant, cela n’est pas davantage susceptible d’être contesté. Mais que la propriété, jusqu’à certain point explicable comme fait, soit affirmée comme principe et principe absolu, voilà ce que je défends, sous peine d’inconséquence, à tout adversaire des prohibitions. Pour la troisième fois M. Dunoyer est communiste.

M. Dunoyer cherche ensuite à semer la division dans les rangs de ses adversaires :

« Dans une occasion récente, un certain nombre d’industries qui combattaient violemment l’union commerciale avec la Belgique, au nom et dans l’intérêt du travail national, ont été démenties, accusées, apostrophées par beaucoup d’autres. »

Qu’y a-t-il là d’étonnant ? C’était l’antinomie de la liberté et de la protection qui se traduisait en drame : chaque parti arrivant sur la scène avec l’intolérance et la mauvaise foi de ses intérêts, il devait y avoir bataille, cris, injures et scandale. Dans une pareille mêlée, le rôle des économistes était de ne prendre parti pour personne : ils devaient montrer à tous comment ils étaient dupes et victimes d’une contradiction. Monopoles contre monopoles, voleurs contre voleurs ! la science n’avait qu’à se tenir à l’écart, si l’on refusait d’écouter ses paroles de paix. Les économistes, défenseurs du monopole du dedans, quand il s’agit du droit de l’ouvrier ; apologistes du monopole étranger, quand il s’agit de la consommation de l’oisif, n’ont songé qu’à tirer parti pour leur théorie de la lutte des intérêts. Au lieu de parler raison, ils ont soufflé le feu, et ils n’ont réussi qu’à s’attirer les malé-