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plupart fauteurs de la ligue, n’en ont pas moins reconnu implicitement que la misère avait d’autres causes que la surproduction des enfants : puisqu’ils ont commencé, qu’ils achèvent donc de dresser le bilan des spoliations exercées par le monopole !

Je lis dans un article du Journal des Économistes (janvier 1846), sur la marche de la criminalité en France, que le nombre des crimes et délits de toute espèce a été, pour la période de

1826-28 88,751
1829-21 96,083
1832-33 106,149
1835-37 121,221
1838-40 146,062
1841-43 151,624

L’auteur de cette intéressante statistique conclut en ces termes :

« Le nombre des crimes et des délits augmente donc d’une manière rapide et accélérée. Ainsi, tandis que l’augmentation moyenne annuelle de la population n’est guère que de 5 sur 1,000, et tend à se ralentir, l’augmentation moyenne annuelle s’élève à :

» 5.7 pour les crimes et délits contre la chose publique ;

» 7.8 pour les crimes et délits contre les mœurs ;

» 3.0 pour les crimes et délits contre les personnes ;

» 5.6 pour les crimes et délits contre les propriétés ;

» 5.4 pour les contraventions autres que les délits forestiers, dont le nombre est incalculable ;

» 3.7 pour les suicides.

» Tandis que les progrès de la population tendent à se ralentir, le nombre des crimes et délits tend à s’augmenter ; et cette augmentation n’est pas particulière à la France ; elle est même moindre en France que dans plusieurs pays voisins. »

Les crimes et délits, comme le suicide, les maladies et l’abrutissement, sont les portes par où s’écoule la misère. D’après les chiffres officiels, l’accroissement moyen de la population étant 5 pour 1,000 ; celui de la criminalité, somme totale, 31.2, il s’ensuit que le paupérisme arrive sur nous six fois et un quart plus vite que d’après la théorie de Malthus on n’avait lieu de l’attendre : à quoi tient cette disproportion ?

La même chose se prouve d’une autre manière. En général les nations occupent, sur l’échelle du paupérisme, le