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programme de l’économie politique ? Et n’est-il pas risible de voir des hommes, après avoir érigé en science cette routine, bonne tant qu’on ne la prend que comme instrument, mais détestable si l’on veut y voir le principe de la justice et de la société, de les voir, dis-je, en remontrer, en qualité d’économistes, à ces commerçants qu’ils copient, et qui sont leurs maîtres ?

Qu’est-ce donc que l’économiste sait de plus que ce que le Code de commerce, en dix lignes, a prescrit à tout négociant ?

Le Code de commerce n’a rien préjugé ni sur le prix des marchandises ni sur le taux des salaires. Il laisse cet article à l’arbitraire du commerçant, à qui il enjoint seulement de porter en compte les sommes, quelles qu’elles soient, qu’il aura payées. N’est-ce pas ainsi que les économistes, commentateurs scrupuleux et fidèles, nous disent que la valeur est chose de soi incommensurable, et qui dépend exclusivement de l’offre et de la demande ?

Le Code de commerce, au titre des Sociétés de commerce, développant la doctrine du Code civil, art. 1832 et suivants, dit : « La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent de mettre quelque chose en commun, dans la vue du bénéfice qui pourra en résulter, etc. » Le Code de commerce suppose donc que le travail seul et par lui-même ne peut devenir l’objet d’une société, la matière d’un commerce. N’est-ce point encore ainsi que les économistes enseignent que le capital est productif, et que l’ordre social est fondé sur le monopole ?

Il est inutile de pousser plus loin ce parallèle. Les questions de crédit public et d’impôt sont encore des questions de comptabilité commerciale appliquée à l’état : il n’y avait pas de quoi en faire un chapitre d’économie politique, vu la manière dont l’entendaient les économistes. Encore si l’économie politique était une philosophie du commerce, une philosophie de la tenue des livres ! Mais il n’en est rien ; l’économie politique n’est qu’un lourd commentaire sur les articles 8 et 9 du Code de commerce, lesquels renferment à eux seuls la substance de mille volumes.

Je dirai donc en me résumant :

Le Code de commerce, faisant application du principe métaphysique que tout créancier suppose un débiteur, et vice versâ, et imposant à tout commerçant l’obligation d’enregistrer jour par jour ses dettes actives et passives et toutes ses