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sous le nom d’économie politique, n’était qu’un plat verbiage sur la tenue des livres.

La comptabilité commerciale est une des plus belles et des plus heureuses applications de la métaphysique ; une science, car elle mérite ce nom, quelque limitée qu’elle soit dans son objet et dans sa sphère, qui, pour la précision et la certitude, ne le cède point à l’arithmétique et à l’algèbre.

Je suppose qu’on eût proposé à un mathématicien ce problème :

Trouver, pour les notes écrites que tout négociant devra garder de ses opérations, une combinaison d’enregistrement telle qu’aucune vente, aucun achat, aucune recette, aucune dépense, aucun profit ni aucune perte, aucune négociation, transaction, mouvement de numéraire ou mutation dans le capital, ne puissent être par lui dissimulés, dénaturés, falsifiés, augmentés ou diminués, sans que l’infidélité se montre à l’instant dans les écritures ; de telle sorte que la responsabilité du négociant devant la loi et vis-à-vis des tiers, si les tiers et la loi veulent user de rigueur, soit complètement assurée.

Ce mathématicien, si pour s’aider il n’avait eu que des chiffres, aurait été à coup sûr fort embarrassé. Or, tel est précisément le problème qu’a résolu le Code de commerce, articles 8 et 9.

« Art. 8. Tout commerçant est tenu d’avoir un livre-journal qui présente jour par jour ses dettes actives et passives, les opérations de son commerce, ses négociations, acceptations ou endossements d’effets, et généralement tout ce qu’il reçoit et paye, à quelque titre que ce soit, et qui énonce, mois par mois, les sommes employées à la dépense de sa maison : le tout indépendamment des autres livres usités dans le commerce[1], mais qui ne sont pas indispensables !

» Il est tenu de mettre en liasse les lettres-missives qu’il reçoit, et de copier sur un registre celles qu’il envoie.

» Art. 9. Il est tenu de faire, tous les ans, sous seing privé, un inventaire de ses effets mobiliers et immobiliers, et de ses dettes actives et passives, et de les copier, année par année, sur un registre spécial à ce destiné. »

Eh bien ! ces deux articles ne renferment-ils pas tout le

  1. Ces livres sont : le livre des achats et ventes, le livre de débit et crédit, le livre de caisse, le livre d’inventaires, le carnet d’échéances, le copie de lettres, etc