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ner. L’élan spontané de l’esprit individuel est aussi une force vive de notre nation et une cause de son originalité…

« L’idée d’association n’est pas nouvelle… Déjà nous voyons chez les Romains la société de commerce apparaître avec tout son attirail de monopoles, d’accaparements, de collusions, de coalitions, de piraterie et de vénalité… La commande remplit le droit civil, commercial et maritime du moyen âge : elle est à cette époque l’instrument le plus actif du travail organisé en société… Dès le milieu du quatorzième siècle, on voit se former les sociétés par actions ; et jusqu’à la déconfiture de Law, on les voit prendre un accroissement continuel… Comment ! nous nous émerveillons de ce que l’on met en actions des mines, des fabriques, des brevets, des journaux ! Mais il y a deux siècles qu’on mettait en actions des îles, des royaumes, presque tout un hémisphère. Nous crions au miracle, parce que des centaines de commanditaires viendront se grouper autour d’une entreprise ; mais déjà, au quatorzième siècle, la ville de Florence tout entière était commanditaire de quelques négociants qui poussèrent aussi loin que possible le génie des entreprises. — Puis, si nos spéculations sont mauvaises, si nous avons été téméraires, imprévoyants ou crédules, nous tourmentons le législateur de nos réclamations tracassières ; nous lui demandons des prohibitions, des nullités. Dans notre manie de tout réglementer, même ce qui est déjà codifié ; de tout enchaîner par des textes revus, corrigés et augmentés ; de tout administrer, même les chances et les revers du commerce, nous nous écrions, au milieu de tant de lois existantes : il y a quelque chose à faire !… »

M. Troplong croit à la Providence, mais à coup sûr il n’est pas son homme. Ce n’est pas lui qui trouvera la formule d’association que réclament aujourd’hui les esprits, dégoûtés qu’ils sont de tous les protocoles de coalition et de rapine dont M. Troplong déroule le tableau dans son commentaire. M. Troplong se fâche, et avec raison, contre ceux qui veulent tout enchaîner dans des textes de lois ; et lui-même prétend enchaîner l’avenir dans une cinquantaine d’articles, où la raison la plus sagace ne découvrirait pas une étincelle de science économique, pas une ombre de philoso-