de vif mécontentement M. Dunoyer, c’est l’agitation de toutes les classes ; c’est leur inquiétude, leur impossibilité de s’arrêter à rien, et de se contenter jamais ; c’est le travail infernal fait sur les moins heureuses pour qu’elles deviennent de plus en plus mécontentes, à mesure que la société fait plus d’efforts pour qu’elles soient moins à plaindre en réalité. »
Bon ! parce que les socialistes aiguillonnent l’économie politique, ce sont des diables incarnés ? Se peut-il rien de plus impie, en effet, que d’apprendre au prolétaire qu’il est lésé dans son travail et son salaire, et que dans le milieu où il vit sa misère est sans remède ?
M. Reybaud répète, en la renforçant, la plainte de son maître M. Dunoyer : on dirait les deux séraphins d’Isaïe chantant un Sanctus à la concurrence. En juin 1844, au moment où il publiait la quatrième édition des Réformateurs contemporains, M. Reybaud écrivait, dans l’amertume de son âme : « On doit aux socialistes l’organisation du travail, le droit au travail ; ils sont les promoteurs du régime de surveillance… Les chambres législatives de chaque côté du détroit subissent peu à peu leur influence… Ainsi l’utopie gagne du terrain… » Et M. Reybaud de déplorer l’influence secrète du socialisme sur les meilleurs esprits ; de flétrir, voyez la rancune ! la contagion inaperçue dont se laissent prendre ceux-là même qui ont rompu des lances contre le socialisme. Puis il annonce comme un dernier acte de sa haute justice contre les méchants, la publication prochaine sous le titre de Lois du travail, d’un ouvrage où il prouvera (à moins d’une évolution nouvelle dans ses idées) que les lois du travail n’ont rien de commun, ni avec le droit au travail, ni avec l’organisation du travail, et que la meilleure des réformes est de laisser faire. « Aussi bien, ajoute M. Reybaud, la tendance de l’économie politique n’est plus à la théorie, mais à la pratique. Les parties abstraites de la science semblent désormais fixées. Les travaux des grands économistes sur la valeur, le capital, l’offre et la demande, le salaire, les impôts, les machines, le fermage, l’accroissement de population, l’engorgement des produits, les débouchés, les banques, les monopoles, etc., etc., semblent avoir mar-